Interdite, puis ré-autorisée, puis ré-interdite… Qu’en est-il de la dissection de souris et de grenouilles en cours de biologie en France ?
Depuis 2010 l’Union européenne demande de réduire l’utilisation des animaux à des fins expérimentales. Cela concerne la recherche, les laboratoires, mais aussi l’enseignement. Cette directive, transposée dans le droit français, ne semblait pas avoir été très claire.
Des restrictions en 2014
Fin novembre 2014, le ministère de l’Éducation nationale stipule à tous les recteurs d’académie que les dissections sont interdites en classes jusqu’au baccalauréat sur les vertébrés, comme les souris ou les grenouilles, mais également sur les céphalopodes (les pieuvres, par exemple). Elles peuvent être réalisées sur des invertébrés et sur des vertébrés (ou des morceaux) étant commercialisés pour l’alimentation (cuisses de grenouille, par exemple). Le poisson est bien entendu classé parmi l’alimentation. Cela laisse encore de la marge…
Un syndicat d’enseignants bataille et gagne
Mais le SNES-FSU, 1er syndicat enseignant, initie une procédure auprès du Conseil D’État qui en 2016 autorise à nouveau la dissection. Selon le syndicat : « Le travail sur du matériel réel amène à se poser des questions sur les responsabilités humaines, à être plus enclin à respecter la vie animale ». Pour avoir vu ce que donnait une dissection au collège, les élèves ont tout sauf du respect pour l’être vivant sous leurs yeux qui finit en charpie. On notera d’ailleurs qu’insuffler le respect en parlant de « matériel » pour des êtres vivants est difficile. A ce sujet, Audrey Jougla, auteur de Profession : animal de laboratoire (éd. Autrement), partage son point de vue sur le Nouvel Obs.
Changement de programme en 2016
Finalement, le 30 juin 2016, le Conseil Supérieur de l’Éducation décide d’interdire la dissection et le ministère de l’Éducation nationale publie une circulaire en ce sens le 27 juillet. Il s’agit des mêmes indications qu’en 2014. Mais, il y a encore mieux ! Les nouveaux programmes en vigueur à la rentrée scolaire ne mentionnent plus la dissection. Cela va d’autant plus réduire son utilisation.
Quelles alternatives à la dissection ?
Il existe de nombreuses alternatives à la dissection qui permettent de comprendre le fonctionnement interne des êtres vivants comme le souligne Andidote Europe : la reproduction en plastique d’une souris, des mannequins interactifs (notamment pour les étudiants vétérinaires), des programmes informatiques de simulation… et même du tricot grâce à Emily Stoneking !